Jérôme Soistier
directeur général France et Europe de l'Ouest pour les activités solutions d'entreprise d'Alcatel

le 15/11/2005, par Olivier COREDO, RT VoIP/ToIP

« Arrêtons d'opposer IP Centrex et IPBX »

Jérôme Soistier

Interview de Jérôme Soistier, directeur général France et Europe de l'Ouest pour les activités solutions d'entreprise d'Alcatel et Dominique PIERRE, directeur de la stratégie et des partenariats pour le marché TPE/PME des activités solutions d'entreprise d'Alcatel

Quelle est la part de la ToIP dans les ventes de PABX Alcatel ?

Jérôme Soistier : Tous nos PBX sont compatibles IP. Quatre vingt cinq pourcent des IPBX vendus font en tout ou partie de la ToIP, certains de bout en bout et d'autres juste en trunking IP. Le full IP représente déjà prêt de vingt pourcent des cas. Ces chiffres sont assez considérables. Nous avons engagé depuis quelques temps une campagne de migration active vers l'IP chez nos clients. Plus de la moitié de notre parc a d'ores et déjà été migré. Certains mixent nos solutions IP avec du TDM et installent quelques postes IP. Le nombre de postes IP a triplé ces deux dernières années. Cependant, la différence est importante entre les PME et les grandes entreprises.

Que recherchent vos clients : économies ou services à valeur ajoutée ?

Jérôme Soistier : Tous nos clients pensent à l'IP. Nous avons globalement trois topologies de clients. Les sociétés qui installent un nouveau siège ou de nouveaux bâtiments qui recherchent à faire des économies de câblage ou d'administration de réseau. Ensuite, les entreprises, notamment dans le domaine bancaire, qui possèdent un nombre important de sites distribués : la ToIP leur apporte des gains de coûts significatifs. Enfin, les sociétés qui migrent sur la ToIP pour les applications : solutions critiques de centres d'appels, webconferencing, visioconférence, communications unifiées... Ces applications leurs servent à améliorer leur productivité.

Comment vous positionnez vous face à vos concurrents (Cisco, Nortel, Avaya ..) ?

Jérôme Soistier : Alcatel s'est muté d'un fournisseur de PABX à un fournisseur de services de communication IP. Nous sommes les seuls à nous positionner de façon aussi complète sur les applications et sur le réseau.
La téléphonie est une application à valeur ajoutée. Les investissements menés sur les applications ont permis de structurer l'offre afin de la rendre cohérente, très complète et évolutive. Notre offre applicative est donc pertinente. Par exemple, notre offre pour les centres d'appels va du simple ACD jusqu'au centre d'appels multimédia. Nous proposons aussi des offre d communication unifiée : messagerie unifiée, téléphonie sur PC, présence, travail collaboratif...
Ces applications doivent être supportées par un réseau à forte qualité de service, gérable et disponible. A travers notre gamme Omniswitch, nous nous positionnons sur cette partie.
De plus, toutes nos solutions reposent sur des standards (SIP, XML, VXML). Nos solutions peuvent s'intègrer aux solutions d'autres constructeurs et éditeurs. Notre offre est donc plus ouverte que celles de nos concurrents.

Vous reste t'il encore des problèmes techniques d'interopérabilité à régler ?

Jérôme Soistier : Les problèmes, mineurs, se règlent à vitesse grand V. SIP nous aide dans ce sens. Il y a encore un peu de réglages à faire. SIP n'est pas encore totalement standardisé.

Que pensez-vous de l'IP Centrex ? Vous sentez-vous menacés sur votre marché IPBX ?

Dominique Pierre : L'IP Centrex a réellement peu de chance de percer le marché des grands comptes. D'une part à cause du parc de PABX existant, d'autre part à cause du niveau de services requis et enfin à cause de son aspect intrusif. La sécurité est un point important de choix. De plus, globalement, l'IP Centrex offre peu de fonctionnalités CTI. La question de passer à l'IP Centrex peut se poser pour les entreprises de petites tailles ou pour les sites atomisés d'un grand groupe, en complément d'une architecture IPBX. Les travailleurs nomades peuvent aussi se tourner vers l'IP Centrex. L'entreprise qui cherche une solution flexible, sans trop de services à valeur ajoutée, et qui n'est pas trop regardante sur la sécurité, peut retenir l'IP Centrex.
Alcatel adresse ces différents marchés, soit directement, soit à travers des opérateurs, des intégrateurs ou des distributeurs. La question IP Centrex ou IPBX n'est pas aussi tranchée. Les questions à se poser sont plutôt de l'ordre de « je fais chez moi (In-House) », « je continue à choisir mais je confie la prestation à un tiers (Out-tasking) », « j'exprime des besoins à un tiers et je ne m'occupe pas de la solution mise en place (Outsourcing) », « j'externalise totalement et partage mes besoins entres différentes entreprises (Net-Sourcing) ». Nous adressons l'ensemble de cette palette.
Définitivement, l'IP Centrex n'est qu'une des composantes de la ToIP.