Denis Planat
Directeur Général d'Easynet France

le 20/01/2006, par Olivier Coredo , RT Opérateurs/FAI

Denis Planat, Directeur Général d'Easynet pour la France, revient sur le rachat de l'opérateur par BskyB. Objectif : rassurer les clients et ré-affirmer les objectifs du groupe.

Denis Planat

:R&T : Comme voyez-vous dorénavant l'avenir d'Easynet ?

D.P : Le rachat d'Easynet par BskyB est ce qui pouvait nous arriver de mieux. Nous appartenons désormais à une entreprise prestigieuse et riche. Cela va nous aider, mais nous oblige aussi à y voir clair et à mieux définir la stratégie européenne.
En effet, BskyB nous a racheté pour la partie anglaise où nous disposons d'un très beau réseau. Easynet ne fait quasiment pas de dégroupage sur le reste de l'Europe mais de l'intégration. Les logiques sont vraiment différentes. La question de notre devenir est donc légitime mais je n'ai pas de réponse. Je peux affirmer sans aucun doute que BskyB s'engage massivement dans le soutien aux opérations d'Easynet. David Rowe notre PDG et James Murdoch à la tête de BskyB se sont engagés sur la pérennité de l'activité.
Après, à la vue de ce qui se passe dans d'autres secteurs, nous ne pouvons jurer de rien. Nous sommes cependant sereins. Je ne parie pas sur une cession ces prochains mois. J'ai une grande confiance, nous allons tirer profit de ce rapprochement. Nous allons dresser le bilan des synergies possibles et je pense que nous n'avons pas fini d'en découvrir aussi bien les vertus que les inconvénients.

R&T : Vos clients sont-ils inquiets ?

D.P : Bien sûr, ils se sont posés la question de notre devenir... mais pas énormément. Nous avons su construire une relation durable de parfois plus de 10 ans avec eux. Nous sommes un acteur à la taille modeste mais significative. Nous n'avons jamais joué d'effet d'annonce. Nos clients sont donc confiants. Nous avons pris le soin de les prévenir de manière pro-active. Nous avons pris l'engagement formel de poursuivre nos opérations, et ils nous croient. Pour le moment, nous avons le bénéfice du doute, ils attendent la traduction de nos discours sur le terrain.

R&T : Qu'allez vous faire de cette manne financière ?

D.P : Nous avons deux étapes. D'une part, conforter notre stratégie de modèle d'intégration et, d'autre part, nous allons poursuivre notre politique d'investissement dans l'hébergement et les services de réseaux. Nous avons un modèle proche de Vanco, autre opérateur Européen.

R&T : Quels sont vos objectifs en 2006 ?

D.P : Nous allons évidemment poursuivre notre politique d'innovation dans les réseaux IP VPN MPLS. Nous sommes déjà capables de proposer du MPLS de bout en bout, en propre, sur l'Europe de l'Ouest, et sur d'autres zones comme l'Europe de l'Est et l'Asie avec des partenaires. Rappelons que nous étions les premiers en France à proposer ce service grâce au rachat de Maiaah.
D'autre part, nous allons mener une politique de flexibilité qui va nous permettre de signer de grands clients. Nous allons conforter notre positionnement sur les grosses PME et continuer à développer notre approche vers les grands comptes.

R&T : Et la convergence fixe-mobile, vous y travaillez ?

D.P : En data, nous avons déjà une offre de connexion mondiale avec i-pass, baptisée «globe- trotter ». La solution permet de faire du multi-accès sécurisé auVPN de l'entreprise de tout point à travers le monde. C'est un monde que nous connaissons biens, nous sommes issus du monde de l'Internet. En Téléphonie, nous allons fortement évoluer et avons des projets dans les cartons.
Mais, la convergence n'est pas la panacée, c'est une solution parmi d'autres, suivant le contexte ou le client... Il y a toute une économie macro a percevoir. Le client est très demandeur de services externalisés, afin de pouvoir changer rapidement de techno. Pour un opérateur de services, être capable de s'adapter rapidement à la demande et de pouvoir changer d'avis sont des facteurs clés de réussite. Nous essayons de répondre le plus convenablement possible aux demandes de nos clients.

R&T : Avez vous un projet de MVNO pour l'entreprise dans vos cartons ?

D.P : Pas dans les cartons mais sur le papier. Easynet a une taille respectable et une certaine notoriété. Nous n'avons cependant pas la taille critique, pour approcher ce marché. Si nous étions amener à le faire, je le verrai plutôt dans le cadre d'une politique d'association.

R&T : Vous n'avez pas cité la VoIP dans vos projets pour 2006...

D.P : La VoIP marche déjà chez certains de nos clients qui utilisent les classes de services sur les réseaux MPLS. Nous réfléchissons sur une offre standardisée, tant en IPBX qu'en IP Centrex. Ce n'est pas une question de technologie mais d'adéquation entre l'offre et la demande. En général, nous pratiquons la politique du « On fait d'abord, on explique après ». Rappelez-vous, nous étions les premiers à dégrouper en France. Au bout du compte, Easynet a décidé de ne pas poursuivre. Nos réseaux supportent la VoIP mais nous n'avons pas la volonté d'être un pionner.